D’un point de vue général, la métallurgie du fer fut de tout temps une activité industrielle luxembourgeoise grâce à la présence importante de minerais d’alluvion, dit « minerai de fer tendre », dont l’affleurement en surface permettait une extraction et un lavage facilité. Une autre opportunité était apportée par la proximité d’importantes forêts dont le bois servait de combustible aux fonderies et de cours d’eau rapides qui apportaient la force motrice.
Généralement, les maîtres des forges étaient les propriétaires des terrains dont ils tiraient le minerai, mais par la suite, les cultivateurs aussi conçurent le travail d’extraction sur leurs terres comme un apport important aux revenus de la culture après les récoltes.
A Athus, vers 1665, un certain François Thomassin, seigneur de Rehon et d’une partie de Rodange, apprend la présence de minerai de fer d’alluvion dans un terrain situé aux alentours du Brüll et qui appartient aux Seigneurs de Guirsch. Il le rachète et y construit un fourneau. Le minerai est exploité sur une profondeur de 3 à 8 mètres à ciel ouvert, dans ce qui est aujourd’hui le bois communal d’Athus. Le charbon de bois est produit dans cette même forêt.
Mais l’instabilité politique née de la Révolution français, du Congrès de Vienne, puis de la création de la Belgique et de la partition des deux Luxembourg a des répercussions sur la rentabilité des exploitations minières. A cela s’ajoute, au cours du XIXe siècle l’épuisement progressif des gisements de minerai d’alluvion.
Un rebond spectaculaire s’opère vers les années 1870 : la découverte de gisements de minette et la construction de la ligne de chemin de fer Arlon-Athus pour l’acheminement du coke et l’exportation de la fonte convainquent les maîtres des forges à de nouveaux investissements. A partir de là une transformation radicale du paysage économique va s’enclencher : des usines poussent à Steinfort, Rodange, Halanzy, Musson, Mont-St-Martin, Differdange et … Athus.
Le 22 avril 1872, les barons Fernand et Hippolyte d’Huart signent une première convention pour la constitution d’une Société Anonyme au capital de 3 millions qui aura pour objet « la fabrication de la fonte ». Dès la fin de cette année, pour attirer les ouvriers, ils entament la construction d’habitations. Dans le même temps commencent les travaux de terrassement de l’usine.
En juillet 1874, les travaux sont terminés et l’usine est définitivement raccordée au chemin de fer. La mise à feu du premier haut-fourneau a lieu le 20 juillet.
De ce moment-là à celui des prémices de la fermeture, la population d’Athus va augmenter de 1035 (1879) à 7445 (1970) habitants.
Au cours de son histoire, l’usine d’Athus a connu des fusions, deux guerres, les luttes sociales, des hauts et des bas. Elle s’est appelée SA des Hauts Fourneaux et Aciéries d’Athus, SA Athus-Grivegnée, SA Angleur-Athus, SA Cockerill, et, en 1973, Minière Métallurgique Rodange-Athus – MMRA.
La lutte finale pour la survie commence fin 1976. Un ultime investissement dans la construction d’une nouvelle aciérie représente la dernière chance de maintien d’une entreprise sidérurgique complète. Les syndicats y adhèrent malgré les nombreuses pertes d’emploi que ce plan va engendrer. Ils s’organisent en Front commun pour peser de tout leur poids dans la décision. Les manifestations, les blocages des frontières, l’interpellation des autorités les plus hautes, les violences parfois, et le soutien de toute la population, rien n’y fait : finalement le journal « La Cité » titrera : « Ce 5 septembre, Athus est mort ».
De fait, après la fin de l’activité sidérurgique, Athus n’était plus que l’ombre d’elle-même. Mais aujourd’hui Athus revit. Le Pôle Européen de Développement créé par Idélux, en collaboration avec la France et le GDL et le Terminal Conteneur, au fil du temps, sont devenus les symboles d’un renouveau qui se manifeste aussi dans l’installation de nouvelles entreprises qui profitent des infrastructures routières et ferroviaires, ainsi que de la position privilégiée d’Athus au cœur de l’Europe.